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FLASH

Obligations d'entreprises à haut rendement de la zone euro : 2024 pourrait ne pas se répéter

Edouard Desbonnets, Senior Investment Advisor, Fixed Income BNP Paribas Wealth Management

Messages clés

  • 2024 a été une année fantastique pour les obligations d'entreprises à haut rendement de la zone euro. 
  • Un faible taux de défaut au cours des 12 derniers mois. 
  • Des performances satisfaisantes sont attendues en 2025, bien que moins élevées que 2024. 
  • Les spreads sont serrés et la dispersion devrait augmenter.

 

Bilan de l’année 2024

Les obligations d'entreprises à haut rendement de la zone euro ont connu une année fantastique, avec une performance totale exceptionnelle de +8,1 % en 2024. Le principal moteur a été la compression des spreads, qui reflète la perception beaucoup plus faible du risque de crédit et de liquidité. Ensuite, le contexte économique a été favorable aux obligations, l'inflation dans la zone euro ayant fortement diminué, permettant ainsi à la Banque centrale européenne de commencer à réduire ses taux d'intérêt. Et enfin, la demande. L'année dernière, les rendements étaient à des niveaux intéressants et nous avons constaté une demande record pour les obligations à haut rendement de la part des investisseurs particuliers.

En un mot, la combinaison parfaite de conditions favorables pour les obligations d'entreprises à haut rendement.

 

Nos perspectives pour 2025

Dans l'environnement économique plus difficile que nous traversons actuellement, nous nous attendons à ce que les obligations d'entreprises à haut rendement de la zone euro délivrent des performances satisfaisantes en 2025, mais probablement pas de la même ampleur que l'an dernier, et ce, pour trois raisons.

Tout d’abord, le soutien technique au marché pourrait s'affaiblir. L’année dernière, les émissions nettes d'obligations ont été limitées, ce qui a rendu les obligations d'entreprises à haut rendement relativement rares. Toutefois, en 2025, nous nous attendons à ce que l'offre nette devienne positive, ce qui devrait exercer des pressions baissières sur les prix.

Ensuite, les fondamentaux des entreprises restent globalement solides, mais les inquiétudes se multiplient. La croissance économique de la zone euro devrait être atone et la qualité de crédit de la classe d'actifs s'est légèrement détériorée au cours des derniers trimestres.

Enfin, l'environnement économique dans son ensemble demeure incertain. Les tensions politiques au sein de la zone euro et les risques liés au commerce mondial pourraient également accroître la volatilité.

 

La faiblesse du taux de défaut va-t-elle persister ?

Oui, c'est très probable. L'un des facteurs positifs pour les obligations d'entreprises à haut rendement de la zone euro est que les défauts ont été extrêmement rares. Le taux de défaut sur 12 mois n'est que de 0,3 %. Et malgré quelques difficultés économiques, il devrait atteindre 1,5 % en 2025, ce qui serait très faible par rapport aux niveaux historiques.  En d'autres termes, les défauts ne sont pas une véritable source de préoccupation.

Nous préférons plutôt nous concentrer sur les valorisations car elles sont très serrées et, logiquement, il n'y a pas beaucoup de marge de contraction supplémentaire des spreads. Le spread moyen des obligations s'établit autour de 300 pb, soit 260 pb de moins que sa moyenne historique. De plus, les spreads sont serrés sur la plupart des segments du crédit.  Les obligations notées BB se négocient à 170 pb de moins que leur moyenne historique, les obligations notées B à 270 pb de moins et les obligations les moins bien notées (notées C) se négocient en ligne avec leur moyenne historique.

Par conséquent, le marché intègre déjà beaucoup d'optimisme. Les valorisations sont tendues, la dispersion est appelée à augmenter, rendant la sélection de titres encore plus importante.

 

Rendements attendus

Nous ne pouvons plus compter sur une compression des spreads.  Par conséquent, le rendement total proviendra du portage, les revenus générés par la détention d'une obligation par un investisseur. Notre prévision d'un modeste élargissement des spreads de 25 pb donnerait une performance attendue d'environ 4 % pour 2025.

 

Comment les obligations d'entreprises à haut rendement de la zone euro se comportent-elles par rapport aux autres marchés obligataires ?

Nous pensons que les obligations d'entreprises « Investment Grade » constituent une bonne alternative pour les investisseurs prudents, tant en euros qu'en dollars. Dans la zone euro, elles offrent des rendements attendus similaires aux obligations à haut rendement, avec une performance de l'ordre de 3,5 % contre 4 % pour le haut rendement, mais bien entendu, la volatilité est bien moindre pour les obligations Investment Grade, une bonne option pour tous ceux qui recherchent la stabilité.

Pour les obligations d'entreprises « Investment Grade » américaines, nous prévoyons un rendement attendu de l'ordre de 5,5 %. C'est mieux que l'équivalent en euro, mais avec plus de volatilité que leurs homologues européens.

Selon nous, les valorisations des obligations d'entreprises à haut rendement américaines sont encore plus élevées que celles des obligations d'entreprises à haut rendement de la zone euro. Elles tendent à être plus risquées compte tenu de taux de défaut plus élevés. Cela dit, l'économie américaine croît plus rapidement que dans la zone euro, ce qui soutient les marchés du crédit américains.  Nous avons calculé un rendement attendu d’environ 4,7 % en 2025 pour les obligations d'entreprises à haut rendement américaines. 

 

Conclusion

Le potentiel d'une nouvelle contraction des spreads est limité. Le portage restera donc la principale source de performance en 2025.

Les investisseurs doivent faire preuve de sélectivité dans la mesure où les valorisations au niveau des indices sont relativement tendues.

Il convient d’envisager des alternatives au sein de l'univers obligataire.  Les obligations « Investment Grade » libellées en euros et en dollars offrent des profils de risque-rendement intéressants.