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FLASH

Changement d'objectif pour l’EUR/USD

Guy Ertz, Deputy Global CIO, BNP Paribas Wealth Mannagement

EUR/USD - Objectif à 1,15

Depuis l'annonce des droits de douane, l'EUR/USD (valeur d'un euro) fluctue dans une large fourchette de 1,08 à 1,12. La récente faiblesse du dollar américain a surpris, car cette monnaie est généralement perçue comme une valeur refuge en période d'incertitude. D'autres forces semblent être à l'œuvre dans cet environnement inhabituel. L'annonce du jeudi 3 avril de tarifs réciproques à un niveau inédit depuis près d'un siècle a créé un vent de panique pour les pays et les marchés. Bien que des négociations soient probables après l'annonce par Donald Trump d'une pause de 90 jours, il est par contre très peu probable que les tarifs soient révisés à un niveau proche de celui des dernières décennies. En effet, le président américain considère toujours les tarifs douaniers comme une source de revenus récurrente permettant de financer une réduction d'impôts qui limiterait les effets négatifs sur le pouvoir d'achat des ménages à revenu faible à moyen. Des droits de douane élevés pourraient réduire le potentiel de croissance des États-Unis dans les années à venir et il existe un risque de stagflation (faible croissance avec une inflation persistante élevée). Le financement du déficit courant des États-Unis constitue la deuxième raison expliquant la baisse de la demande pour le dollar américain. Le déficit courant est en effet principalement financé par l'achat d’obligations par des investisseurs étrangers, principalement européens, japonais mais aussi chinois. Une incertitude accrue concernant les perspectives américaines et de meilleures perspectives de croissance en Europe incitent probablement ces investisseurs à diversifier leurs portefeuilles en dehors des États-Unis vers l'Europe.

En tenant compte de ces facteurs, nous avons révisé notre objectif à 3 mois de 1,05 à 1,12 et notre objectif à 12 mois de 1,05 à 1,15 (valeur d'un euro). Cela suggère une baisse supplémentaire pour le dollar américain.
 

Pourquoi le différentiel de taux d'intérêt pourrait devenir moins important

La Réserve fédérale a maintenu ses taux d'intérêt à 4,5 %, tandis que la Banque centrale européenne (BCE) a réduit les siens de 25 pb à 2,5 %, comme prévu en mars. Jerome Powell évalue les risques d'une inflation persistante et d'un ralentissement économique potentiel, tandis que la BCE mesure l'impact des tarifs douaniers et de l'expansion budgétaire sur l'inflation ainsi que celui de  l'incertitude économique. Le marché s'attend toujours à plus de trois baisses de taux pour la Fed, là où notre scénario en prévoit deux, et à environ deux pour la BCE, en ligne avec nos attentes. Par conséquent, cette perspective ne suggère pas une hausse significative pour l'EUR/USD.

Habituellement, le différentiel de taux d'intérêt est l'un des meilleurs indicateurs pour prévoir les taux de change sur un an. Cependant, nous avons observé quelques exceptions par le passé. En effet, l'EUR/USD est passé de 1,05 en janvier 2017 à 1,25 en février 2018, malgré une augmentation du différentiel de taux d'intérêt à 2 ans d'environ 100 pb en faveur du dollar américain. Il existe un risque de répétition de 2017, ce qui suggère que le différentiel de taux pourrait être moins pertinent. Il convient également de souligner que le différentiel de rendement attendu pour les actions doit être pris en compte lors de la prévision de la demande pour le dollar américain par rapport à l'euro. Nous voyons des raisons de croire que ce différentiel est devenu moins favorable au dollar américain. Nous sommes devenus plus prudents sur les actions américaines de ce fait par rapport à celles de la zone euro.


Facteurs à moyen terme

À moyen terme, la parité de pouvoir d'achat (PPA) restera le principal moteur. La PPA mesure le taux de change qui égalise le prix d'un panier représentatif de biens lorsqu'il est calculé en dollars. Selon l'OCDE, la valeur équitable à long terme pour un euro est estimée à environ 1,41 dollar, sur la base des chiffres de l'Allemagne. Cependant, des écarts par rapport à la PPA peuvent se produire sur de longues périodes.

Certaines études académiques suggèrent qu'une approche plus pertinente serait la notion de demi-vie*. Selon Craig (2005), une demi-vie représente le temps nécessaire pour qu'un écart entre le niveau de la PPA et le taux de change actuel soit réduit de moitié. Craig a constaté que pour de grandes différences, cette période pourrait être d'environ 12 à 18 mois. Actuellement, la notion de demi-vie suggère une valeur équitable pour un euro d'environ 1,26 dollar.